La recherche de vaccin contre le Covid-19 avance et plusieurs équipes de recherche dans le monde seront à la première phase d’essai. Il y a même des vaccins qui ont été testés aux Etats-Unis et en Chine. Tbibrouhek vous en dit plus.
LE VACCIN et LE CORONAVIRUS
Il n’existe pas à ce jour de vaccin contre le coronavirus mais des travaux sont en cours, une trentaine de start-up et entreprises travaillent à la conception d’un vaccin contre le coronavirus. Plusieurs étapes sont nécessaires pour mettre sur le marché un vaccin. En effet, il ne suffit pas seulement de trouver la bonne formule, le vaccin doit ensuite subir des tests et ce, à chaque étape de son processus de fabrication.
La société américaine Moderna a commencé un essai clinique de Phase 1 chez l’Homme. « Cette entreprise propose une nouvelle stratégie vaccinale. Elle consiste à injecter directement un ARN ( un morceau de patrimoine génétique) synthétique chez l’homme, qui va permettre à l’organisme de produire directement une des protéines du coronavirus. L’objectif est que le patient développe une résistance spécifique au virus, en produisant des anticorps neutralisants contre cette protéine », a expliqué au Figaro Olivier Scwartz, directeur de l’unité virus et immunité à l’Institut Pasteur. Afin de maximiser son efficience Moderna n’a pas réalisé de test sur des souris. Cependant, Olivier Scwartz a estimé qu’il « faudra tout de même entre douze et vingt-quatre mois pour boucler ces essais cliniques chez l’homme. »
En France, l’Institut Pasteur a perçu un financement de 4,3 millions d’euros dans le cadre des études à mener sur la maladie. Le protocole mis en place par le professeur Tangy est de développer un vaccin élaboré à partir du virus atténué de la rougeole.
La Russie a entamé des tests sur des animaux et espère des résultats d’ici juin.
La société allemande, CureVac, espère lancer ses premiers tests d’ici juillet et mettre sur le marché un vaccin à l’automne.
Au Japon, la société biopharmaceutique Anges va prochainement tester un vaccin ARN sur des animaux.
En Chine, un vaccin est en phase d’expérimentation sur 108 sujets humains.
Des chercheurs néerlandais examinent les effets du vaccin BCG (contre la tuberculose) sur le nouveau coronavirus. Le Figaro révèle que « chez la souris, le BCG entraînerait une baisse de la charge virale et stimulerait la sécrétion de protéines qui régulent l’activité du système immunitaire. Le vaccin permettrait aussi de mieux contrôler l’inflammation, qui dans le Covid-19 est très forte dans les poumons. » Mihai Netea, spécialiste des maladies infectieuses au centre médical de l’université Radboud aux Pays-Bas, a entamé une expérimentation sur 1 000 soignants hollandais en contact direct avec les malades. Les conclusions seront connues sous trois à quatre mois.
La bonne nouvelle, dans la course à l’élaboration d’un vaccin est que le virus aurait une évolution lente. Andrew Rambaut, biologiste spécialiste de l’évolution moléculaire à l’Université d’Edimbourg, a déclaré dans le magazine Science que le nouveau coronavirus connaissait deux mutations mensuelles : « C’est environ deux à quatre fois plus lent que la grippe », a-t-il commenté. De plus, Peter Thielen, généticien moléculaire à l’université Johns Hopkins a expliqué dans le Washington Post : « À ce stade, le taux de mutation du virus laisse penser que le vaccin développé pour le SRAS-CoV-2 serait un vaccin unique, plutôt qu’un nouveau vaccin chaque année comme le vaccin anti-grippe. »
Au total, il faut compter entre 6 et 36 mois pour la production, le conditionnement et la livraison auprès des différents pays concernés qui vont à leur tour effectuer des contrôles de qualité. « Obtenir un vaccin efficace, non toxique et donc utilisable prend des mois voire plusieurs années.
LES ÉTAPES DE FABRICATION D’UN VACCIN
La fabrication d’un vaccin comprend deux principales étapes :
- La production de la substance active.
- La production pharmaceutique.
LA PRODUCTION DE LA SUBSTANCE ACTIVE
Il s’agit de produire un antigène capable de stimuler la production d’anticorps par notre système immunitaire. Cet antigène provient du germe (virus, bactérie ou parasite) qui provoque la maladie et peut être :
- Un germe vivant et atténué (vaccin vivant atténué : oreillons, rougeole ou tuberculose (BCG) par exemple) ;
- Un germe ou une fraction de germe inactivé(e) (vaccin inactivé), ou une toxine.
Certains vaccins sont produits par génie génétique : ils utilisent une cellule animale ou une levure pour la production de l’antigène vaccinal (exemple : hépatite B). Ils sont appelés vaccins recombinants.
Chaque type de vaccin est produit de manière spécifique mais leur fabrication suit, en général, les mêmes étapes :
1. Constitution de la banque de germes: La banque de germes regroupe des virus ou des bactéries qui doivent garder des propriétés constantes afin de garantir des vaccins de qualité.
2. Mise en culture et amplification: Il faut parfaitement maîtriser les paramètres de la culture comme la durée, la température, la pression, la composition du milieu de culture, le nombre de germes, l’aération, etc. Certains milieux de multiplication sont constitués de cellules, certaines cultures se font sur des œufs de poule (grippe, fièvre jaune).
3. Récolte: Cette opération consiste à extraire l’antigène que l’on a produit, du milieu de culture.
4. Purification et concentration: Cette opération consiste à enlever toute impureté de la substance et à la concentrer grâce à des procédés physiques (centrifugation par exemple).
5. Inactivation de la substance produite si nécessaire: L’inactivation par la chaleur ou par des agents chimiques permet de supprimer le pouvoir pathogène tout en gardant les propriétés immunologiques, c’est-à-dire la capacité à déclencher une réponse immunitaire vis-à-vis de l’antigène fabriqué sans pour autant déclencher la maladie.
6. Fabrication des valences antigéniques: Cette étape consiste à rassembler les substances antigéniques actives en un seul composé, par exemple les trois types du vaccin contre la poliomyélite inactivée.
LA MISE EN FORME PHARMACEUTIQUE
La mise en forme pharmaceutique permet d’obtenir le produit final qui sera proposé en pharmacie.
1. Assemblage des valences pour les vaccins combinés: Les valences sont associées comme par exemple pour le vaccin Diphtérie – Tétanos – Poliomyélite – Coqueluche acellulaire.
2. Formulation: Des adjuvants et des stabilisants peuvent être ajoutés : les adjuvants servent à améliorer l’efficacité et augmenter la réponse immunitaire ; les conservateurs et les stabilisants améliorent la stabilité du composé. Des conservateurs peuvent être utilisés dans les présentations multidoses.
3. Répartition aseptique: Le produit est mis en flacon ou en seringue de manière stérile (sans germe inopportun).
4. Lyophilisation si nécessaire : Cette étape permet de retirer l’eau dans un produit en le transformant en poudre, ce qui assure une meilleure stabilité et donc une meilleure conservation.
5. Conditionnement: Cette étape consiste en l’étiquetage et la mise en boîte sous forme de lots qui représentent un ensemble homogène de fabrication de doses, de 50 000 à 1 million de doses par lot selon le type de vaccin.
6. Contrôle et libération des lots: Les vaccins ont la particularité de faire l’objet d’un double contrôle : par l’industriel et par une autorité indépendante. Lorsque ces deux contrôles sont satisfaisants, les lots sont libérés et prêts à être commercialisés.
7. Livraison des lots dans les pharmacies, hôpitaux, centres de vaccination, etc.
POUR RÉSUMER
Un vaccin verra le jour d’autant plus que plusieurs équipes y travaillent. Cependant, comme tout vaccin, il ne verra le jour que dans des mois et en attendant c’est des traitements (hydroxychloroquine voir https://tbibrouhek.tn/sante/coronavirus-quest-ce-que-la-chloroquine/ ) qui sont à l’essai.