Pendant ce confinement, les enfants font face à un changement de rythme inédit qui peut les perturber, ajouté à cela l’anxiété qui émane de cette pandémie. Ceci peut être un peu plus compliqué en ce qui concerne les enfants hyperactifs. Comment alors gérer nos petits bouts de choux ? Notre psychomotricienne vous répond.
QU’EST-CE QU’UN ENFANT HYPERACTIF ?
L’hyperactivité est un trouble neuro-développemental chronique. Il s’agit en fait d’un trouble complexe appelé désormais Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH).
Le TDAH est ainsi un trouble associant 3 symptômes majeurs dont l’intensité varie selon la personne:
- Le déficit de l’attention
- L’hyperactivité motrice
- L’impulsivité
Un enfant hyperactif est un enfant dont l’activité motrice est augmentée et désordonnée, accompagnée d’impulsivité, de réactions agressives et de troubles de l’attention qui perturbent son efficience scolaire.
LES CHIFFRES EN TUNISIE
En Tunisie, sur les 4,5 à 6,7 % d’enfants scolarisés souffrant d’un TDAH, 47 % ont un trouble de l’attention, 36 % une hyperactivité et impulsivité, et 17 % présentent les 3 symptômes.
LES EFFETS DU CONFINEMENT SUR L’ENFANT HYPERACTIF
Le confinement et la situation actuelle ont un impact incontestable sur tous les enfants de différents milieux et tranches d’âge d’une manière générale vu qu’ils sont dans l’obligation de subir un cadre spatial réduit et une trame monotone du quotidien. Sans oublier l’absence d’interactions sociales qu’ils avaient l’habitude d’avoir avec leurs copains et leurs camarades de classe et de club.
L’enfant hyperactif se retrouve à longueur de journée incapable de se dépenser, de se déplacer, de jouer et de bouger comme à l’accoutumée. Son activité est d’autant plus réduite et limitée que la surface dans laquelle il se trouve.
De ce fait, l’enfant hyperactif risque de vivre mal ce changement brusque de routine ainsi que cette limitation de son activité et la perte des repères qu’il avait dans l’espace-temps.
De plus de son hyperactivité, le confinement vient accentuer chez l’enfant des problèmes d’ordre psychologique comme l’anxiété, le stress, l’angoisse, les crises de colère et le manque de sécurité qui s’ajoutent à son sentiment de lassitude et de monotonie.
Face à la situation subie par leur enfant hyperactif, en particulier, les parents doivent adopter une attitude positive grâce à un guide pour enfant hyperactif en période de confinement.
COMMENT GÉRER SON ENFANT HYPERACTIF LORS DU CONFINEMENT ?
Expliquer
Expliquer le Coronavirus à l’enfant hyperactif en particulier et aux enfants en général :
Curiosité, esprit critique, créativité, vivacité et mobilité sont parmi les caractéristiques présentes chez l’enfant hyperactif (oui l’enfant hyperactif a beaucoup de qualités).
Les parents doivent se baser sur ces qualités pour expliquer à leur enfant ce phénomène qui les oblige à rester à la maison. Il faut donc adopter une manière simple et claire et pour ceci:
- Optez pour un langage simple et adapté : des mots justes et clairs tout en restant sincère et faisant preuve d’optimisme.
- Vous pouvez être créatifs en expliquant : utilisez des pictogrammes, des expériences et des schémas explicatifs en utilisant la pâte à modeler ou des dessins (jouez avec les couleurs)
LES COULEURS = VIE = VAINCRE LES ANGOISSES LIÉES AU VIRUS
Si vous êtes un bon conteur d’histoires, essayez de raconter l’histoire du virus à votre enfant. Ayez une voix calme et tranquille pour apaiser ses angoisses. Ce genre d’activité aide votre enfant à devenir plus à l’écoute, plus calme et ça améliore chez lui les capacités d’imagination et du partage. Il se sentira moins seul durant cette période d’isolement imposé.
Et non ! Rassurez-vous, cela ne va pas le traumatiser et votre enfant n’est pas trop jeune pour comprendre ni très fragile pour accepter la réalité. L’incertitude et le manque de clarté auront plus d’effets dévastateurs sur lui et sur son équilibre psychologique.
Organiser sa journée
Ce n’est pas facile aux parents de partager quotidiennement et à longueur de journée, la même pièce avec un enfant qui a tout le temps besoin de bouger.
Pour cela il faut penser à organiser la journée de votre enfant au préalable et le faire participer à sa planification.
Utilisez un calendrier clair et attrayant, les repères visuels sont importants pour un enfant hyperactif. Vous devez faire part à votre enfant si vous comptez apporter un changement à ce calendrier : il a besoin d’avoir des repères temporels immuables (assez de changements brusques !). Cela va l’aider à avoir de l’ordre dans ses idées et à être plus organisé et plus discipliné.
Prévoyez un temps pour faire ses devoirs, un temps pour se relaxer (10 minutes pour des exercices de relaxation ou de yoga pour enfant) en partageant ce moment avec lui, un temps pour jouer à son jeu préféré.
S’il aime les jeux vidéo, ce n’est pas grave ! Mais pensez à choisir pour lui des jeux vidéo adéquats et adaptés à cette période notamment « The Sims » qui pourrait l’aider à se projeter, planifier, à avoir une bonne imagination. C’est un moyen d’améliorer chez lui les compétences de socialisation et plusieurs traits de caractères positifs tels que l’empathie et la gestion de conflits. Bonus: il se sentira moins seul et plus épanoui. Mais attention à l’addiction à ce jeu vidéo, ça reste un monde virtuel dont il doit se détacher.
Ayez un moment de partage à la fin de la journée, demandez-lui de raconter sa journée, discutez avec lui d’un événement ou d’une tâche qu’il a aimé faire. L’enfant hyperactif a tendance à passer du coq à l’âne. Essayez donc de l’orienter subtilement à chaque fois, sans le soumettre à la pression de toujours devoir bien faire les choses.
Finir la journée sur une note de tendresse, de partage et de positivité : compliments, gestes affectueux sont les meilleures récompenses pour féliciter un enfant hyperactif puisque celui-ci a généralement une mauvaise estime de soi.
L’étape suivante consiste à créer des repères dans l’espace dans lequel il se trouve et lui proposer des activités adaptées à ce cadre, qu’est la maison. Que ce soit une maison avec un jardin ou un petit appartement, l’enfant a besoin, à ce stade de son développement psychoaffectif et psychomoteur, d’avoir “un espace représenté” là où il a la possibilité de bouger d’explorer et de créer un lien avec cet espace.
Adapter la maison aux activités de l’enfant
A défaut de pouvoir sortir, les parents doivent faire de leur chez-soi un cadre sécurisant et riche pour leur enfant :
Organiser des ateliers de cuisine pour enfant. C’est bien pour la motricité fine et pour la concentration. C’est aussi un moyen pour travailler en équipe.
Responsabilisez-le en le faisant participer aux tâches de la vie quotidienne : un moyen pour canaliser son énergie et son attention. N’oubliez pas de le féliciter et de valoriser son effort et le récompenser. Il faut toujours trouver le moyen pour le motiver et booster son estime de soi.
Pensez à lui consacrer un espace pour se dépenser en liberté et en sécurité, sans barrières ni obstacles et où il peut trouver ses jeux préférés. Vous pouvez le laisser seul pendant ce temps, il profitera de ce moment de liberté bien mérité. Il va finir par valoriser ce moment de solitude et de recentrage sur soi.
La pédagogie par la nature est la bonne stratégie d’intervention pour faire varier les journées et créer un espace riche en stimulations sensoriels. Ça l’aide à se ressourcer et à apprendre. C’est une très bonne activité collective qui aide à resserrer les liens entre vous tous. Même si vous n’avez pas d’extérieur vous pouvez le faire à l’intérieur de votre maison.
Créez des parcours de psychomotricité avec ce que vous avez chez vous : des bâtons, du scotch coloré, des matelas, des coussins, chaises, escalier. Ça aide à améliorer ses capacités d’organisation spatiale, de voir sa maison autrement et de valoriser son chez-soi.
N’oubliez pas de lui rappeler que vous êtes toujours là pour lui, de le rassurer et d’éviter les conflits. L’harmonie qui est entre ses parents va lui procurer un sentiment de paix et de sécurité.
QUE PEUT-ON TIRER DE CETTE PÉRIODE DE CONFINEMENT ?
Cette période que vous passez avec votre enfant hyperactif est une chance pour :
Faire le point sur son évolution, sur la prise en charge médicale et le suivi des autres professionnels.
Remettre en question votre relation avec votre enfant : est-ce que vous êtes trop distant ou au contraire vous n’arrivez pas à couper le cordon avec lui.
Faire des ajustements suite à vos observations quotidiennes; il faut se rappeler que l’enfant hyperactif est un enfant qui change.
Le confinement ne doit pas vous empêcher de garder contact avec le médecin de votre enfant par le biais des téléconsultations et ne pensez surtout pas à arrêter son traitement médicamenteux sans prendre l’avis de son médecin.
Ecrit par:
Hela ben Younes, Psychomotricienne