Le cancer de la prostate est un cancer fréquent : 2ème cancer uro-génital en Tunisie (après celui de la vessie) et grave : 2ème cause de mortalité par cancer aux pays occidentaux (après le cancer poumon). Il est d’évolution lente avec une grande latence clinique ce qui le rend accessible au dépistage (diagnostic à un stade précoce infra clinique, permettant un traitement curatif).
QU’EST CE QUE LA PROSTATE ?
La prostate est une glande exocrine pelvienne médiane située dessous de la vessie. Sa fonction principale est de sécréter une partie du liquide séminal, l’un des constituants du sperme, et de le stocker.
LES FACTEURS FAVORISANTS CE CANCER
Âge: il est lié à l’âge : rare avant 50 ans (exceptionnel avant 40 ans). D’une façon générale, il se rencontre à partir de 50 ans, âge à partir duquel peut être proposé un dépistage individuel.
Facteurs hormonaux: le cancer de la prostate est hormono-dépendant (androgéno-dépendant)
Facteurs familiaux et hérédité: Le risque relatif de cancer de prostate augmente de façon significative s’il existe des antécédents familiaux de cancer de la prostate et de cancer du sein.
Alimentation-Environnement : Facteurs protecteurs : Thé vert, soja, Lycopène (tomates), Sélénium, Vit E, Vit D (rôle inhibiteur de la prolifération tumorale prostatique). Aliments à risque : alimentation riche en graisses animales
Ni la consommation d’alcool, ni le tabac, ni la vasectomie, ni l’activité sexuelle ne semblent avoir un rôle dans le développement du cancer de la prostate. Aucune filiation entre le CP et l’hypertrophie bénigne de la prostate, mais les 2 pathologies peuvent coexister
SYMPTÔMES ET CIRCONSTANCES DE DÉCOUVERTE
Le cancer de la prostate engendre assez peu de symptômes : il est donc souvent découvert à l’occasion d’une consultation ou d’examens médicaux. Lorsqu’il évolue, il peut engendrer des troubles urinaires tels que :
- besoins fréquents et/ou urgents d’uriner,
- difficulté à uriner (besoin de pousser, miction difficile à commencer ou arrêter, jet d’urine faible ou qui s’interrompt),
- sensation de ne pas avoir complètement vidé sa vessie après avoir uriné,
- brûlure ou douleur en urinant,
- présence de sang dans l’urine ou le sperme.
Cependant, ces symptômes peuvent être causés par d’autres maladies de la prostate, non cancéreuses, comme hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou une prostatite.
La maladie peut également engendrer des troubles sexuels (dysfonctions de l’érection, éjaculations douloureuses). Si la tumeur s’étend, des douleurs au niveau des os (dos, bassin, jambes) peuvent survenir, ainsi qu’une fatigue et une perte de poids.
Une tumeur prostatique peut être découverte par un médecin lors d’un examen associé au diagnostic ou au suivi d’une HBP. Par exemple, il constate :
- la consistance anormale (induration) de la prostate au toucher rectal qui est un temps capital de l’examen physique
- une élévation du taux d’une protéine fabriquée par la prostate, l’antigène prostatique spécifique (PSA), est détectée lors d’une prise de sang.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES ET BILAN D’EXTENSION
PSA total (PSA T) : les valeurs seuils de normalité selon l’âge :
- 40-49 ans : 0 à 2.5 mg/ml
- 50-59 ans : 0 à 3.5 mg/ml
- 60-69 ans : 0 à 4.5 mg/ml
- 70-79 ans : 0 à 6.5 mg/ml
Echographie endorectale (EER) et l’ IRM prostatique
Les biopsies prostatiques endorectales échoguidées constituent l’examen de référence pour établir formellement le diagnostic.
Scintigraphie osseuse : Elle détecte des métastases de façon significative à partir d’un seuil de PSA > 20 ng/ml. Elle est l’examen de référence pour le diagnostic des métastases osseuses.
TRAITEMENT DU CANCER DE LA PROSTATE
- Prostatectomie radicale ou totale (PT)
- Radiothérapie externe (exclusive ou associée à une hormonothérapie courte ou longue)
- HIFU (Ultrasons focalisés à Haute Intensité)
- Hormonothérapie : suppression androgénique
- Chimiothérapie
En fonction du stade de la maladie, l’urologue décidera du traitement adéquat.
DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE
Le dépistage est individuel et doit être fait chaque année.
Il est recommandé chez les patients de 50 à 70 ans, si l’espérance de vie estimée est ≥10ans (à partir de 45 ans chez la population à risque).
Il repose sur 2 éléments :
- Toucher rectal
- PSA total sérique (meilleure rentabilité clinique)
L’information préalable du patient sur les risques et les bénéfices du dépistage ainsi que sur les conséquences des traitements potentiels, est indispensable.