La pandémie du COVID-19 a de multiples répercussions psychosociales, tant sur les patients psychiatriques, que sur les soignants et le grand public. En effet, la stratégie de confinement général qui a eu lieu en Tunisie depuis le 22 mars, bien que bénéfique pour l’intérêt public, associe des enjeux psychologiques. Cela a été mis en exergue par l’équipe de Samantha Brooks du King’s College, qui a analysé 24 études scientifiques, réalisées dans 11 pays. Il s’agit d’une étude récente parue le 14 mars 2020, portant sur l’impact psychologique du confinement. Qu’en retenir ? Notre psychologue clinicienne vous répond.
LES « STRESSEURS » DU CONFINEMENT
Le COVID-19 comme évènement traumatogène
Que l’on soit directement concerné ou plus à distance, le contexte de pandémie nous confronte à la mort, ou du moins à une menace de mort. Selon les études, ce genre d’événements peut fragiliser nos capacités d’adaptation et générer certaines conséquences sur le plan psychologique :
C’est normal de se sentir mal, de ressentir de la tristesse, de la colère, et de l’impuissance…Mais si vous ou l’un de vos proches ressentez l’une des réactions mentionnées plus haut, pendant plus de 2 à 4 semaines, appelez le numéro vert : 80105050.
Il s’agit d’une expérience potentiellement traumatisante et les symptômes pourraient évoluer vers une dépression, voire un syndrome de stress post-traumatique. Celui-ci peut se manifester des mois ou des années plus tard sous forme de flashbacks, d’attaques de panique, d’état pathologique d’alerte et de vigilance, de cauchemars…
En effet, les études s’accordent sur le fait qu’une durée de confinement de plus de dix jours est prédictive d’un syndrome post-traumatique. Ainsi, l’élément le plus stressant est la durée du confinement, c’est-à-dire que plus le confinement est prolongé, plus la santé mentale se dégrade. S’ajoute à cela le fait que cette situation traumatique en elle-même va réveiller d’autres traumas. D’où l’importance de reconnaître ses émotions et ses réactions physiologiques.
RÉAGIT-ON TOUS DE LA MÊME MANIÈRE AU STRESS DE CONFINEMENT ?
Chacun réagit différemment face au stress. Certaines personnes auront des réactions mesurées et réfléchies, d’autres vont réagir de manière plus vive et se sentir dépassées par les évènements. En ce sens, les réactions dépendront de plusieurs facteurs tels que le degré d’exposition, les expériences antérieures d’événements stressants, le soutien de l’entourage, la santé physique, l’âge, les antécédents personnels de troubles liés à la santé mentale…
Enfin, nous ne pouvons parler de difficultés d’adaptation sans évoquer la résilience. Il s’agit justement de la capacité à s’adapter et à rebondir en période d’adversité. Je vous invite à consulter l’article suivant, publié par le Centre National de Ressources et de Résilience en France, qui suggère des stratégies permettant d’augmenter notre résilience naturelle en période de confinement, http://cn2r.fr/wp-content/uploads/2020/03/Renforcons-notre-resilience.pdf. En effet, beaucoup de grands noms, à travers l’histoire, ont même montré que le confinement peut être un stimulant de créativité. On peut citer Isaac Newton qui a découvert la loi de la gravitation au cours d’un confinement en pleine épidémie de peste ou encore William Shakespeare qui a écrit Le Roi Lear, l’une de ses plus belles œuvres, alors que les théâtres de Londres étaient fermés pendant l’épidémie de peste.
Ecrit par:
Eya Dabbebi, Psychologue clinicienne